L’école du dehors :

une pédagogie alternative !

Il me tient à cœur d'emmener les enfants, vos enfants en forêt !

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Par définition, une école alternative offre une vision différente de celle des écoles dites « classiques ». L’éducation est mise au coeur de la pédagogie, à travers différents leviers. L’entre-aide entre enfants et enseignants, l’autonomie, le développement intellectuel et moteur, l’apprentissage développé par les sens, toutes ces formes sont mises à profit dans le cadre de l’école alternative. En France, on compte près de 1500 écoles alternatives, qui concernent ainsi plus de 65 000 élèves scolarisés. Un chiffre qui ne cesse d’augmenter au fil des années.

Les enfants sont plus calmes, moins agressifs,

plus concentrés, plus à l’écoute.

Certaines écoles classiques proposent également des alternatives pédagogiques qui placent l’enfant au coeur de son apprentissage. A l’image de l’école Saint-Charles de Luingne dans laquelle Véronique, Institutrice de classes de maternelles, a souhaité approfondir le cycle d’apprentissage des jeunes enfants dans un environnement où la nature est omniprésente. Ici, l’école du dehors est appliquée chaque mercredi et se tourne vers des valeurs fortes qui lient la pédagogie, le développement et l’environnement de l’enfant. Parce qu’enseigner est l’une des ressources principales en matière d’éducation, il est important d’intégrer des expériences et des activités nouvelles pour sensibiliser l’enfant à la place que prend la nature dans son monde. Dans une entrevue, Véronique nous a confié son ressenti sur cette nouvelle méthode d’enseignement et les outils pédagogiques mis à disposition dans ce cadre de travail.


L’impact de l’école du dehors sur l’enfant

Faire école dehors permet aux enfants d’apprendre dans un nouvel univers d’enseignement. Nous avons souhaité en savoir plus sur l’influence qu’a l’école du dehors sur le comportement de l’enfant.


Quels effets ressentez vous chez l’enfant lorsque vous faites l’école du dehors ?

« La nature apaise. Faire école dehors adoucit les esprits et canalise l’énergie et l’agitation chez l’enfant. Il en va de même pour les enseignants qui mettent en place de nouveaux outils d’apprentissage dans un cycle d’enseignement serein et respectueux de l’environnement. C’est ainsi que, dès notre entrée dans un bois, une forêt, un jardin, dans un espace où les arbres nous entourent, toutes les tensions s’envolent, nous respirons plus profondément et nos sens se mettent en éveil»


Peut-on dire que la nature a un effet bénéfique sur

l’apprentissage de l’enfant ?

« En présence de la nature, les enfants se sentent plus libres et sont plus épanouis. Ils s’expriment plus facilement sur leur journée en rentrant et encouragent davantage leurs parents à sortir dans la nature pour montrer leurs découvertes. Ils affrontent leurs phobies des petites bêtes pour finir par en faire leurs meilleures amies. Ils se socialisent avec les autres et apprennent facilement les règles de savoir-être et savoir-vivre envers les autres enfants et les enseignants.


Par toutes nos sorties, les enfants deviennent des passeurs de nature. Il se créent des souvenirs plein la tête et sollicitent leurs matières grises pour éveiller leur curiosité et leur soif de connaissances. C’est pourquoi ils se montrent plus concentrés et plus attentifs en classe. Notez que la régularité est importante pour qu’elle soit inscrite dans le rythme de l’apprentissage à l’école. Les enfants deviennent ainsi les acteurs de leur apprentissage, qui se différencie de leur rôle de spectateur dans le développement de leurs connaissances en classe.”


Cela veut-il dire qu’il n’y a plus de règles ?

« Evidemment, il est important d’avoir des balises et un cadre d’enseignement défini. C’est pourquoi, à l’image de l’enseignement en classe, nous construisons un règlement type de l’école du dehors, avec les enfants. A chaque sortie, nous rappelons les règles à respecter au sein du groupe, les limites de l’espace, … »


Concrètement, comment enseignez-vous les matières scolaires ?

« Lorsque les conditions sont réunies, nous pouvons aborder les matières que nous développons habituellement en classe. Pour l’enseignement des mathématiques, c’est facile et ludique. Nous avons tout le matériel nécessaire autour de nous : les bâtons pour travailler les grandeurs, les marrons ou cailloux pour dénombrer des quantités ou les feuilles des arbres pour la géométrie. En ce qui concerne le développement du langage et de l’écriture, il suffit d’adapter ce que nous faisons en classe. Les enfants retiendront mieux les mots de vocabulaire s’ils ont pu toucher et observer des éléments. Un bâton devient alors un crayon pour écrire dans la terre, le sable ou la boue. Et quel plaisir de lire une histoire à l’ombre des arbres ou sous une bâche avec le clapotis de la pluie !

En étude du milieu, nous observons les insectes, les champignons, les arbres, les fruits, les fleurs…Vous l’aurez compris, la liste est longue ! Mais nous pouvons également travailler sur le relief, relever le niveau de l’eau d’un pluviomètre, relever les températures et observer la position du soleil selon l’heure de la journée et selon la saison. En d’autres termes, le développement de nos sens est davantage approfondi que dans un contexte d’apprentissage en classe. Dans le cadre du développement artistique, la créativité a une place privilégiée. La nature nous offre ses couleurs et ses formes pour réaliser des tableaux naturels, des mandalas ou encore des pigments naturels. A chaque sortie dans la nature, nous emmenons des tapis de sol isolants et des planches de bois qui servent de support pour attacher des feuilles d’arbres sur lesquelles nous pouvons peindre, dessiner, colorier. Evidemment, le développement moteur se travaille constamment : on passe un obstacle, on contourne les arbres, on grimpe, on saute, on glisse, on court, on scie, on coupe au sécateur, on cueille, on creuse. Faire l’école dehors c’est ouvrir le champs des possibles en termes d’activités physiques extérieures. L’espace est bien plus sain et bien plus étendu que dans la cours des écoles. »